Règlement de comptes

Tout s'était passé un peu trop vite à son goût. Une seconde, c'était elle qui dominait la situation, et celle d'après, elle se retrouvait avec une paire de mains enroulées autour de son joli cou. Et qui serraient, en plus.

Kiefer avait-il vraiment le droit de faire ça? Apparemment pas. A voir comme il la lacha et recula d'un coup, il y avait surement une clause du contrat pour préciser "tu ne porteras pas atteinte à la vie de ton propriétaire". Avec quelqu'un comme lui, il valait mieux. Les pensées de toutes les bestioles autour déferlèrent dans sa tête, plus fort que jamais. Puis le son fut coupé. Elle leva un sourcil: elle n'était pourtant pas en contact avec son génie. Ainsi, il pouvait servir de bouclier à distance. Il n'avait pas trop insisté sur ce point, hein. Enfin bon, elle n'allait plus s'en plaindre.

Il avait VRAIMENT du enfreindre une règle capitale. Non seulement il s'était excusé, mais en plus il l'envoyait au calme dans le logement qui était ordinairement attribué au chef du clan des voleurs. C'était gentil de sa part. Enfin il espérait surement qu'elle lui en voudrait moins pour la tentative de meurtre.

Elle y était allée un peu fort, certes. Mais quand même, il exagérait. Pas question de le rappeler avant longtemps. Avec un peu de chance, il allait même culpabiliser. Pas trop quand même, restons réalistes.

Clotilde détacha la chaine qui retenait la bague autour de son cou. Elle s'assit sur un côté du grand lit qui tronait au milieu de la pièce et la regarda pensivement.

Qu'allait-elle en faire? La ranger au fond d'une boite, fermer à clé et lacher par "accident" la clé au fond d'un quelconque précipice?
Lui faire faire un tour dans l'énorme cheminée qui crépitait?
La piétiner à grands coups de chaussures à talons?

Elle décida de se changer en attendant de trouver l'idée qu'il lui fallait. Un domestique attentioné avait fait transférer tous ses vêtements dans la penderie en chêne massif de la chambre. En fouillant un peu, une longue robe rouge en soie émergea de l'impressionnante quantité de tissu. Pour un peu, elle aurait plaint le groom qui avait transporté tout ça.
Elle dénicha dans les étagères des chaussures rouges aux talons vertigineux. Pas pratique, mais bon, elle était tranquille, elle pouvait en profiter pour faire des essais vestimentaires.
Allez, tant qu'on y était, un peu de maquillage ne gacherait rien. Trois portes donnaient sur la chambre. La première était un placard. La seconde partait vers le palier. La dernière était un cabinet de toilette. Bingo! Elle entra. Finalement, un coup de rouge à lèvres suffirait. Vu la taille et l'état du miroir, toute tentative d'approcher un crayon de ses yeux en regardant son reflet la rendrait borgne.

Toute cette cérémonie ne servait à rien. Elle n'attendait personne, et personne ne l'attendait. Elle pourrait presque rappeler Kiefer, histoire de ne pas avoir perdu du temps pour que personne ne s'en aperçoive. Elle attrapa la bague sur le lit où elle l'avait abandonnée.

Hum... Finalement, non. Pas question. Elle tenta de jeter le bijou sur le dessus de l'armoire. Echec. Il heurta la corniche supérieure et retomba sur le sol en pierre. Et, comble de la malchance, le mécanisme pivota.

"Merde!"

Il allait arriver là et la trouver préparée comme si elle attendait un rendez-vous galant... Manquait plus que ça...

Kiefer avait entendu l’appel du fond de l’endroit paumé dans lequel il avait cherché à se changer les idées. Assis sur des coussins, pour ne pas dire complètement avachi, un embout de narghileh dans la main, il s’empressa d’aspirer une dernière et longue bouffée avant de disparaître. Il n’aurait pas l’occasion de régler ses consommations, tant pis. L’immense tente levée à côté de l’oasis laissa place au vortex de transport et déjà le génie réapparaissait près de la bague qui rythmait sa vie.

Quelques heures à peine s’étaient écoulées depuis son départ du lac du cristal, et il avouait être très surprit d’être déjà rappelé. Clotilde avait oublié quelquechose ? Où bien comptait elle se venger ? A moins qu’elle n’ait envie de passer ses nerfs sur lui. Qu’elle essaye, si elle tentait de le malmener (c’était illusoire) ou autre et qu’il sentait qu’elle ne l’avait pas appelé pour un souhait, il partirait. Trop de familiarités l’avaient conduit à agir sans réfléchir, trop instinctivement, il fallait qu’il fasse attention.

Le nuage de brume habituel transportait dans son sillage des effluves étrangères à ces lieux. Une odeur de miel et de menthe, un air chaud et sec, de la fumée qui n’avait rien de magique, et d’autres fragrances mélangées prirent possession des lieux, laissant dans leur passage comme une invitation au voyage.

Au milieu de ce paysage odorant, Kiefer se tenait droit, impassible. Expirant, il relâcha son propre nuage dense de fumée de narghileh, qui rajouta une touche de tabac, de fruits, ainsi qu’une autre substance plus controversée. Le génie avait prit le temps de se refaire une santé et une tenue, et avait déniché de quoi se vêtir. Il arborait désormais une sorte de tunique sombre maintenue par une large ceinture de tissus de la même couleur qui lui enserrait la taille. Ses manches étaient retroussées jusqu’aux coudes. Croisant les bras sur sa poitrine, il regarda Clotilde.

La demoiselle s’était apprêtée. Robe rouge, talons, maquillage, pour qui s’était elle préparée ainsi ? Kiefer préféra ne pas s’en mêlait. Professionnalisme et distance. Les sourcils froncés, il avait un air sérieux qui ne lui allait absolument pas.

« En quoi puis-je t’être utile ? »

Il avait préféré ne pas plus s’appesantir sur la question. Quand à reparler de leur péripétie de la plage, il passa dessus. Plutôt mourir que de refaire des excuses, alors il avait prit l’initiative d’officiellement oublier cette affaire.

Clotilde eut un mouvement évasif de la main et envoya ses chaussures valser sous le lit.

"C'est une regrettable erreur. Mais maintenant que tu es là, je crois que j'aurais besoin de boire quelque chose de fort. Une vodka serait parfaite. Si tu as envie d'autre chose, n'hésite pas."

Ca, c'était pas bien. Elle s'était promis de ne plus jamais boire depuis qu'elle avait croisé une femme alcoolique de 40 ans, qui en paraissait 70, rongée par la cirrhose. Ca lui avait fait son petit effet. Mais aujourd'hui, les cironstances étaient exceptionnelles, elle ne recommencerait plus, promis. Jusqu'à la prochaine fois, du moins. Clotilde buvait rarement. Son gros problème était qu'elle avait du mal à s'arrêter. Elle s'était déjà réveillée un certain nombre de matins avec un mal de crane ignoble et quelqu'un d'inconnu dans son lit. Rien de très agréable.

"On va dire que je ne me rappelle pas de ce qui s'est passé tout à l'heure et toi non plus. Ca te convient comme arrangement?"

Elle ouvrit l'armoire et y choisit un petit mouchoir brodé avec lequel elle ôta au mieux le rouge sur sa bouche. Le morceau de tissu voleta et rejoint les chaussures sous le lit. A ce stade, Kiefer avait du comprendre que tout ça n'était pas pour lui. Ou alors, il avait surtout compris qu'elle était atrocement gênée. Enfin bon là n'était pasle sujet.

"Et prends pas cet air sérieux, tu vieillis de 20 ans..."

Au fond, elle ne lui pardonnait pas vraiment. Mais il fallait reconnaître qu'elle n'avait pas envie de lui arracher les yeux dès qu'elle le voyait, et tout le monde ne pouvait pas se vanter d'être dans ce cas. Lui par contre semblait vouloir rester professionnel (si l'on peut dire).

Kiefer regarda avec un haussement de sourcil Clotilde qui envoyait valser ses affaires. Les chaussures volèrent, direction le dessous de son lit. Une planque à bordel comme une autre... La voilà maintenant qui le prenait pour un garçon de café. Il était venu... pour lui servir à boire? Elle n'avait pas de boy-scouts qui seraient prêts à lui lécher les pieds et donc seraient ravis de faire ça, plutôt que de l'appeler, LUI?

Le génie allait répondre avec un ton désagréable qu'il n'était pas barman quand elle ajouta une phrase qui l'arrêta dans son élan. On oubliait tout? Pourquoi proposait elle ceci? Quel était son intérêt de passer l'éponge là dessus? Personnellement, il n'imaginait pas oublier intentionnellement quelqu'un qui lui aurait fait une crasse pareille. Une tentative d'étranglement, c'est vrai, ça se faisait tous les jours entre gens polis et plein de bonnes intentions...

Le rouge à lèvres passa aux oubliettes. Tant mieux, il trouvait cette teinte était trop vive pour aller à Clotilde, mais il n'envisageait pas de lui servir de conseiller maquillage. Quand au mouchoir, il atterrit lui aussi sous le lit, et Kiefer se demanda l'espace d'une seconde ce qui devait bien s'entasser la dessous... Des vêtements, des accessoires, peut être un cadavre qui sait! Bon, ce serait amusant mais il doutait quand même du taux de probabilité de cette dernière hypothèse.

Au lieu de répondre, il se contenta d'afficher toujours le même silence qui ne lui ressemblait pas. Il était vrai que cette attitude ne lui allait guère, mais il s'en serait contenté si elle n'avait pas touché la corde sensible avec sa dernière phrase. 20 ans?! Le génie avait plein de défauts, et l'appréciation un peu trop poussée de son propre corps, de sa propre image, en faisait partie. Qu'elle ose lui dire ceci était comme si elle cherchait à le vexer. Mais c'était peut être le cas.

Il soupira puis détendit quelque peu ses traits. Pas besoin de faire la gueule pour être sérieux, c'était tout a fait vrai.

"Tu m'as appelé pour te servir un verre ou tu as autre chose à demander?"

Décidant qu'il se passerait de la mise en scène, Kiefer fit apparaître une vodka glacée et un verre sans geste superflu ou fioriture théâtrale, qui se matérialisèrent sur la table de chevet. Lui même n'avait pas en tête de boire : déjà parcequ'il en sortait, mais aussi parcequ'il comptait garder en bouche encore un peu le goût agréable du narghileh. Et enfin parcequ'il n'avait pas soif, et ça c'était un argument déterminant.

Si Clotilde faisait attention, elle remarquerait qu'il avait fait ce qu'elle avait demandé sans qu'elle ait eu à prononcer la formule consacrée. Kiefer n'était pas d'humeur à s'encombrer de détails, et puis ce n'était pas un voeu, plutôt un ajout gratuit de sa part à la déco de la pièce à laquelle il manquait encore une couche de décadence.

Sans surprise, Kiefer avait réagi à la remarque sur son âge. Ca ne suffirait surement pas à le faire rester, mais au moins, il avait perdu son air constipé. C'était déjà un progrès incontestable.

Elle saisit le verre qui était apparu sur la table de chevet. Pas mal. Rapide, efficace et sans fioriture. Voilà qui la changeait. L'alcool coula dans sa gorge. Quand même, y avait pas à dire, ça faisait du bien. Elle reposa le verre vide, se doutant bien que n'ayant pas mangé, elle allait surement avoir quelques problèmes avec son centre de gravité dans les minutes à venir. Prudemment, elle recula d'un pas et s'assit sur le lit.

"Je t'ai dit que c'était une erreur. Je pensais te laisser tranquille, au cas où tu aurais ressenti le besoin de culpabiliser, et donc j'ai voulu mettre la bague en lieu sûr pour pas être tentée de l'ouvrir. Et puis euh... je l'ai lancée sur l'armoire. Enfin j'ai essayé quoi. Et elle devait être mal fermée et... T'es là."

C'était vaguement confus, tendance pas très clair. Clotilde nota dans un coin de sa tête de se rappeler pour la prochaine fois que la vodka était un alcool fort, et que même quand on pense avoir l'habitude, il faut se méfier. Surtout quand, en fait, on n'a pas l'habitude. Elle cligna des yeux plusieurs fois, et l'image se stabilisa.

"Hum bon désolée. Oui donc je disais que j'ai pas fait exprès de t'appeler, mais que maintenant que t'es là, je vais pas te renvoyer comme ça."

Elle ne le retiendrait pas non plus, bien entendu. Fallait pas exagérer. Mais bon s'il y avait quelqu'un pour lui tenir compagnie, c'était pas plus mal. Ceci dit, commençant à le connaître, Clotilde estimait à au moins 60% la probabilité qu'il s'en aille en se drapant dans sa dignité avec tous les reniflements outragés qu'il soit possible de produire avant de devenir vraiment ridicule. A peu près.

A ce qu'elle en avait compris, Kiefer ne supportait pas qu'on ne le trouve pas beau à tomber, qu'on fasse des voeux qu'il ne trouve pas digne de lui, ou qu'on remette en cause son utilité. En sachant cela, il était sûrement plus facile de ne pas trop le vexer, voire de l'apprivoiser un peu. Si on pouvait employer le terme "apprivoiser". On n'apprivoise pas un énergumène comme lui.

"Bien entendu, tu fais ce que tu veux. Il y a un lit, une salle de bains, à manger dans le garde manger qui donne dehors, Je peux éventuellement te faire commander une prostituée, ou un prostitué si tu préfères."

Pfou. La vodka lui faisait vraiment dire n'importe quoi.

Clotilde bu assez vite, et apparemment, ça tournait assez vite. La vodka, c’est bon, c’est frais, mais ce n’est pas pour les estomacs vides. La voilà qui tentait de s’expliquer encore une fois. Kiefer aurait préféré qu’elle ne cherche pas à lui expliquer sa méprise, qu’elle l’envoie chier, ça aurait collé à l’image froide qu’elle tentait de laisser transparaître sans y arriver. A moins que son mélange de femme fatale et d’enfant soit un choix. Bref.

Il se fichait bien qu’elle tente de planquer la bague, tant qu’elle ne la détruisait pas… Confus, confus, merci la vodka. Elle agissait déjà ? Clotilde avait la digestion rapide.

Citation :

"je vais pas te renvoyer comme ça."

« Ben voyons… Ca te fait un chaperon pour veiller sur toi, voire pour te transporter aux toilettes quand ça n’ira pas, mmm ? »

Ca n’avait rien de glamour, mais une fille saoule, ça n’a rien d’excitant non plus. A vrai dire Kiefer avait toujours trouvé ça particulièrement tue-l’amour. Même si il s’agissait d’une beauté. Encore un peu pompette, oui, mais il y a une limite à tout.

De la pitié ? C’était peut être ça. A côté de la bouteille il fit apparaître un petit panier de quelques brioches. C’était sucré, ca callait, et comme il n’avait pas le droit de sonder ses goûts, il avait prit le plus neutre possible, même si ça manquait cruellement de piquant. Collant tout de même aux préjugés sur les femmes, il avait choisi de mettre aussi quelques carrés plats, noirs et croquants : du chocolat. Il espérait que tout ça épongerait un peu l'alcool dans son estomac.

Le fait qu’elle ose croire qu’il pouvait apprécier les hommes le vexa. Il allait surenchérir quand il se souvint de ce qu’ils avaient dit sur le lit de Clotilde. Il pouvait ramener quelqu’un ? Pourquoi pas ce soir ? Voilà que le génie retrouvait son esprit joueur.

« Je ne sais pas comment tu as pu penser le contraire, mais je suis clairement et définitivement hétérosexuel. D’ailleurs, ton lit a l’air confortable… »

Il s’approcha et posa un genoux sur le sommier, afin d’en éprouver la souplesse. Hummm, pas mal, un peu raide, mais ça irait… Avec un sourire, il se demandait en l’observant si Clotilde se rappelait d’un coup ce qu’elle avait promis.

« Alors, tu comptes appeler qui pour moi ? Attention, je suis très difficile… »

Clotilde lui jeta un regard excédé.

"Je ne suis pas ivre à ce point. J'ai juste bu trop vite, dans 10 minutes je serai fraiche comme une rose"

Et c'était vrai. Par un phénomène curieux mais néanmoins salutaire, lorsqu'elle buvait trop vite, elle s'en remettait presque encore plus vite. Pour l'instant c'était pas encore ça, mieux valait ne pas se relever trop vite ou faire des mouvements brusques. C'était vraiment ça le plus pénible: ne plus avoir d'équilibre.

Elle dédaigna les petites brioches qui venaient d'apparaitre. Le chocolat par contre... Elle cassa un carreau et le mit dans sa bouche. Le temps qu'il finisse de fondre, elle devrait avoir pris sa décision. Clotilde se rappelait parfaitement du marché qu'ils avaient conclu. Les clauses n'avaient pas été des plus claires, mais l'idée générale était simple.

Par contre c'était lui qui devait choisir non? Parce qu'il risquait d'être déçu. Evaluer la beauté d'un jeune homme, oui, c'était dans ses cordes. Mais une femme. Et puis elle ne connaissait pas les goûts de Kiefer. Grmbl. Et ce *** de carreau de chocolat avait fini de fondre. 3 minutes chrono, en faisant attention à ne pas le consommer trop vite.

"J'en sais rien moi. C'est toi qui devais choisir. Moi je donnais juste mon accord si ça me convenait."

Elle haussa les épaules. Finalement une brioche était la bienvenue. Elle en prit une au hasard et mordit dedans. Hm. Pas terrible, en fait. Elle en mangea encore deux bouchées, et la reposa. Autour d'elle, le monde ne bougeait plus trop. Elle aurait surement un peu mal au crane le lendemain, mais dans l'immédiat, elle était presque opérationnelle.

"Et puis je pensais pas que t'étais homo. Mais si je t'avais pas proposé les deux possibilités, tu aurais été capable de me dire que j'étais coincée. Alors bon..."

Clotilde contempla ses orteils avec attention. Ils étaient vraiment passionnants d'un coup. Peut-être qu'en effet, elle était coincée. Ca expliquait pourquoi elle était toujours seule. Ah ouais c'était surement ça. Bon. Assez d'auto-apitoiement. Elle releva le nez.

"Tu fais ton choix?"

Avec un peu de chance, elle ne ferait pas sa difficile. Enfin, c'était pas sûr. Il y avait très peu de gens qui méritaient d'utiliser SON lit. En vérité, de son avis, aucune femme ne le méritait. En même temps, Kiefer paraissait choqué qu'elle ait pu croire qu'il était gay, mais elle-même aurait surement réagi de la même façon, voire moins bien...

Où étaient parties les belles illusions de Kiefer? Loin, loin, très loin. Le voilà qui se repiquait au jeu. Dans le genre incorrigible, il était quasi imbattable. Clotilde, finalement, avait apparemment juste un problème d'équilibre. Décidemment, ça n'arrêtait pas aujourd'hui. Entre les voix et la vodka....

« Moi qui choisis... »

Oh la belle boulette qu'elle avait fait là... Il l'écouta parler de sa proposition. Coincée? Non, il l'aurait pensée pleine de jugeote, enfin... Alors qu'il réfléchissait, enfin, plutôt qu'il mettait son plan à exécution, elle choisit de détourner le regard. Il profita de son inattention pour l'étudier des yeux sous toutes les coutures, comme s'il cherchait à imprimer cette image dans son cerveau.

Elle releva le nez.

Citation :

"Tu fais ton choix?"

« Mmmhh, oui. »

~Toc toc toc~ Un bruit provint de la pièce à côté. La salle de bain ? Apparemment. La porte s’ouvrit pour laisser place à une créature sortie de l’imagination de Kiefer. Il avait peut être un peu poussé le cliché, juste pour s’amuser, mais l’idée y était.

Des jambes nues et longues, parfaitement fuselées, des hanches à peine épanouies dans le style d’une jeune femme à peine sortie de l’adolescence. Une taille fine et une poitrine menue mais attrayante, des bras délicats, et des mains fines. L’une était posée sur ses hanches, l’autre sur le montant de la porte. C’était délicieux de mièvrerie.

Le sourire du génie s’étendit lorsqu’il observa le visage, qui avait quelquechose de familier. Peau pâle, visage de poupée, et surtout les cheveux noirs, sauf qu’il les avait coupé en carré court, ce qui donnait un air plus coquin. Clotilde aurait eu une sœur jumelle nymphomane, c’aurait été elle. La demoiselle portait que peu de tissus noir, cachant exclusivement des zones stratégiques.

« Alors, ça te convient ? Tu ne peux pas dire que c’est une inconnue ou qu’elle te révulse… »

Si la machoire de Clotilde avait pu se décrocher et tomber à ses pieds, elle l'aurait fait. La fille qui se tenait dans l'encadrement de la porte, c'était elle. Enfin non, pas elle, évidemment, puisqu'elle, elle était là. Et en plus la filla n'avait pas la même coupe de cheveux. Et Clotilde n'aurait jamais porté des vêtements comme ça. Voilà un point qui était éclairci, c'était déjà ça.

Elle détailla la fille. Soit Kiefer avait réussi à trouver son quasi-sosie, soit il l'avait inventé. En y réfléchissant bien, C'était sûrement ça. Pour voir sa réaction.

Elle s'approcha de la jeune fille et la repoussa délicatement à l'intérieur de la salle de bain.

"Tu permets? Bouge pas, ça ne prendra pas longtemps."

Clotilde referma la porte et se retourna vers Kiefer.

"Si ce qui te gêne c'est ma coupe de cheveux, fallait le dire, ça nous aurait fait gagner du temps. Non parce que là, c'est ridicule. Enfin bon, je t'ai dit de choisir, donc je ne contesterai pas."

Elle fit demi-tour et posa la main sur la poignée de la porte. Elle allait rouvrir lorsqu'une question s'imposa à elle.

"Et ça ne te parait pas absurde d'avoir créé quelqu'un? Je veux dire, c'est un peu comme une poupée. Sauf qu'elle est vivante, enfin je suppose."

En réalité, c'était surtout à elle que ça semblait absurde. Il aurait pu faire une blonde pulpeuse à forte poitrine. Là, elle lui ressemblait trop. C'était gênant. L'avantage c'est qu'elle avait pu constater que, vue de l'extérieur, elle était plutôt jolie. Sauf si Kiefer avait transformé la réalité, ce qui était possible aussi.

Elle préférait croire qu'elle était vraiment comme la jeune fille pour l'instant enfermée dans la salle de bains. Qui d'ailleurs devait commencer à trouver le temps long. Ou alors peut-être qu'elle ne trouvait pas le temps long, et qu'elle disparaissait lorsqu'on ne l'avait plus en vue, pour réapparaître quand on rouvrait la porte.

"Je lui rouvre?"

La main posée sur la poignée, elle attendait la réponse du génie.

Clotilde avait eu l'air surprise, mais c'était étonnant de voir qu'elle ne prenait pas la chose si mal. A vrai dire, Kiefer s'était attendu à une mini crise de nerfs. Au moins! Non, sa maîtresse détaillait la demoiselle sur le pas de la porte. Quelle créature intéressante, n'est ce pas? Un soupçon d'invocation, une lichette de contrôle, le tout saupoudré d'illusion... Il fallait un sort complexe pour créer un tel pantin, qui ne vivrait que le temps d'un caprice. Cette chose avait une forme de conscience, celle que son concepteur désirait lui imposer, agissait d'elle même, mais toujours en suivant le fil directeur qui dirigeait son existence.

Clotilde venait de se levait, et le génie craint pendant un moment qu'elle ne cherche à faire quelquechose d'inconsidéré. Dans sa précipitation, il n'avait pas vraiment prit le temps de peaufiner les réactions fondamentales du pantin, se concentrant surtout sur... son physique, sa souplesse et son imagination sexuelle. Les bases indispensables du jouet nocturne. Heureusement, l'originale agissait en donnant des ordres simples, et sans crier. Ouf.

"Ta coupe de cheveux?"

Pourquoi Clotilde parlait de ça? Il pensait qu'elle aurait plutôt dit quelquechose du genre : 't'es gonflé', ou 'arrête de fantasmer sur moi', ou 'si c'est un message, tu rêves mon grand'... Non, elle se comparait à la poupée, et on aurait même dit... Qu'elle faisait sa propre pub?! Ou qu'elle râlait de voir qu'il avait préféré une copie à elle même? Mais ce n'était pas elle qui lui avait demandé de restreindre les contacts physiques? Il fallait savoir ce qu'elle voulait...

"Tu me demandes si je veux que tu lui ouvres? Mais tu sais, on est pas obligés. Je pensais que tu ne faisais pas partie de la liste des possibles, tu ne voulais pas que je te touches, c'est pour ça que je l'ai fait venir, elle... En fait, tu sembles surtout vexée de voir que j'ai choisi un avatar qui te ressemble plutôt que toi... "

Il souriait, faisant une pause pour la laisser analyser ce qu'il avait dit.

"J'ai créé une poupée parceque je n'avais pas envie de sortir chercher quelqu'un. Tu aurais préféré que je te le propose à toi?"

Le génie ne crachait pas sur l'offre, c'était certain. Ce n'était pas sa première maîtresse et elle était plus jolie que certaines. Plus compliquée aussi. Plus chiante aussi certainement. Mais puisqu'ils étaient amenés à collaborer pendant un laps de temps certainement long, pourquoi ne pas commencer par ce genre de relation? Ok, ça compliquerait peut être l'affaire, mais sans danger, pas de gloire...

Clotilde lacha la poignée de la porte et avança d'un pas vers le centre de la pièce. Pour l'instant, la jeune fille derrière la porte du cabinet de toilette n'était plus tout à fait d'actualité.

"Effectivement, ce qui me gêne le plus c'est que tu aies réutilisé mon image comme ça. N'importe qui d'autre, c'était moins gênant. Mais là c'est comme si c'était moi. Sauf que bah... c'est pas moi."

Cette fois l'alcool n'y était pour rien. C'est juste la situation qui était difficile à expliquer de façon claire et rationnelle. Elle retourna s'asseoir sur le lit. De temps en temps, la réflexion sur des thèmes rarement abordés la plongeait dans une sorte d'hyperactivité. Elle ne tenait pas en place, se levait, s'asseyait, se couchait 2 minutes puis se relevait. En 30 secondes, elle s'était levée, était allée jusqu'à la porte, en était revenue et s'était à nouveau assise à son point de départ. Elle souffla longuement pour faire le vide dans sa tête et revenir à un état de calme relatif.

Kiefer n'avait pas fait venir cette fille innocemment. Loin de là, même, puisqu'il avait poussé le vice jusqu'à en faire une réplique de Clotilde elle-même. Et s'il avait fait ça, c'était de toute évidence pour voir sa réaction. Il avait même surement envisagé la possibilité qu'elle se comporte ainsi. Mais enfin bon.

"Ne prends pas l'air innocent. De toute façon, il est tout à fait envisageable que je sois revenue sur ce que j'ai pu dire tout à l'heure."

Ressortir maintenant l'argument de l'interdiction de la toucher était un peu faible. Disons que ça l'arrangeait bien de pouvoir l'embêter avec ça maintenant, parce qu'il en avait assez peu tenu compte pas si longtemps auparavant.

En y réfléchissant bien, Clotilde était plutôt d'accord pour faire partie de ce que le génie appelait la "liste des possibles". Le seul problème, c'est qu'il n'avait pas bien présenté son discours, et qu'elle s'attendait à un peu mieux. Pas non plus des tapis de roses, des bougies et des déclarations enflammées, mais un minimum plus approprié que son clone créé de toutes pièces.

Il y avait autre chose qui ne lui plaisait pas trop dans cette histoire. Partager SON génie. Ca n'était pas de la jalousie. Plutôt de la possessivité. Beaucoup de voleurs souffraient de ce mal, ce qui ne les empêchaient pas le moins du monde de continuer à déposséder les autres bien entendu. Kiefer était lié à elle par une sorte de contrat, et il était donc à elle mais pas à d'autres.

Assise sur le lit sans se tourner vers lui, elle attendit de voir ce qu'il allait faire. S'il était trop bête pour comprendre, ça serait tant pis pour lui et il pourrait aller batifoler avec qui bon lui semblerait, mais ailleurs.

Kiefer avait suivi du coin de l'oeil les pérégrinations stressées de Clotilde. La jeune femme allait et venait, ne cherchant pas à cacher son trouble. C'était d'ailleurs bien imprudent de sa part de se laisser ainsi aller à ne pas cacher ses émotions face à un être qu'elle ne connaissait que depuis peu et qui avait déjà tenté de lui faire du mal. Bah, tout le monde n'était pas aussi paranoïaque qu'il pouvait l'être parfois.

Clotilde a écrit:

"Mais là c'est comme si c'était moi. Sauf que bah... c'est pas moi."

Cette phrase fit sourire le génie. Ca résumait la situation avec un terre à terre touchant. Oui, c'était elle sans être elle. Une sorte de poupée de cire qui marchait, qui ne servirait que le temps voulu, avant de retourner aux limbes. Une sorte de joli papillon créé juste pour le plaisir de la provoquer. Des fois Kiefer se demandait où il allait chercher tout ça.

Les yeux à moitié clos, avec cet air détaché et confiant qui le caractérisait, le génie la regarda encore un peu tourner avant de se rapprocher. Il ne la toucha pas, se contentant de s'asseoir plus près, sans gène, un peu comme en terrain conquis.

"Crois-tu vraiment que notre relation peut quitter le strictement professionnel, et arrives-tu à concevoir de mêler plaisir et travail? "[b]

Approchant son visage de la nuque de Clotilde, le génie laissa son souffle chaud caresser la peau pâle... Il ne la touchait toujours pas...

[b]"Je ne veux pas avoir l'air innocent... La raison réelle de la présence de cette créature à côté est que chercher à tourmenter mes maîtres tout-puissants m'amuse, c'est un sport que j'apprécie et que je pratique depuis tellement d’années que je ne pourrais plus m’en passer je crois."

Son sourire s'étira, même si Clotilde ne pouvait pas le voir.

"Ton corps n'est pas irremplaçable, tu n'es que chair et os, et c'est le cruel message que j'ai voulu te faire passer. Profite ma fille, par défaut tu n'es pas immortelle. Oh, si tu as peur de perdre ta liberté, n’aies pas de craintes avec moi, je ne pourrais pas m'accrocher à cette matière brute que tu représentes, à ton esprit peut être, mais j’en doute. Je ne peux concevoir notre rapport de maître à génie que comme une collaboration temporaire, avant que la bague soit volée, perdue, ou que tu meures, et que je passes à quelqu'un d'autre. C’est peut être rude, mais c’est logique, j'ai l'éternité devant moi, si j'avais dû m'attacher, j'aurais été brisé bien des fois... Alors je préfère voir ma vie comme une succession de... distractions, de jeux et de plaisirs, c'est bien plus intéressant. Maintenant, je suis prêt à te faire profiter de cet art de vivre dans lequel l’excelle. Tu as de la chance, je ne le propose pas à tous mes maîtres. Soit tu suis, soit tu restes, c’est à ta guise..."

Drôle de discours... Long et contenant plein d'idées posées en vrac... En fait, ça ne lui ressemblait pas trop, peut être parceque s'expliquer ne faisait pas partie de ses habitudes.

Clotilde reprenait doucement ses esprits. Ca y est, elle virait folle. Ce foutu génie était décidément plus que dangereux. C'était à l'idée de "mêler plaisir et travail" qu'elle avait tiqué. Non, elle n'était pas prête pour ça. Elle avait fait l'essai un jour, avec un confrère, et cela s'était mal terminé. Surtout pour lui, à vrai dire, mais elle ne l'avait jamais très bien assumé. Ce jour-là, Clotilde avait soigneusement dissimulé le corps. Quoique... Enfin peu importe. Aujourd'hui, le cadavre devait nourrir les poissons et les sirènes.

Plongée dans sa réflexion, elle restait parfaitement immobile. Elle sentit le souffle chaud de Kiefer sur sa nuque. Peut-être qu'elle faisait une bêtise, qu'elle avait tort de ne pas chercher à en profiter, pour une fois. Mais il le disait lui-même, il faisait ça pour s'amuser.

Lorsqu'il en eut terminé, et ce fut long, elle se retourna en reculant légèrement pour éviter de se retrouver le nez contre le génie. Sage précaution, d'ailleurs.

"Ecoute moi. Je suis sûre que me faire part de ce flot d'information ne t'est pas naturel. Merci donc pour cette mise au point. Mais j'ai bien peur d'avoir encore changé d'avis."

Elle se releva et retendit machinalement le tissu du dessus de lit à l'endroit où elle était assise précédemment.

"Je pense qu'il vaut mieux que je sorte un peu. Rappelle-toi que tu as droit à cette chambre pour la nuit. Refais bien le lit demain matin, s'il te plait"

Elle s'approcha de l'armoire et y attrapa une robe noire avec un bustier. Le bas s'évasait en un long et large jupon vaporeux. La robe rouge glissa à ses pieds. Pas vraiment la peine de se préoccuper de Kiefer, de toute façon, elle lui tournait le dos et gardait ses sous-vêtements. Elle enfila la robe et s'appliqua à fermer le lacet jusqu'en haut (quel abruti a inventé le lacet pour fermer une robe?!).
Clotilde fouilla le bas de l'armoire et se saisit d'une paire de bottes à talons plats. Pas le plus élégant, mais c'était pratique. La robe était suffisamment longue pour les cacher, c'était donc parfait.

Allait-elle rouvrir la porte de la salle de bain? Hum... Et si la fille était toujours là? Valait mieux pas. Heureusement, dans le premier tiroir de la commode, elle trouva un pic à cheveux en un seul morceau. Ca ferait l'affaire, et tant pis pour le chignon habituel. Elle rassembla ses cheveux en une masse plutôt informe qu'elle fixa vaguement avec le pic.

"Amuse-toi bien!"

Un petit signe de la main, et elle était déjà dehors.
Cette fois, Kiefer allait VRAIMENT la prendre pour une girouette... Elle avait oublié la bague à l'intérieur. Et elle ne pouvait pas partir sans (on s'habitue vite).

Clotilde rouvrit la porte, traversa la pièce et récupéra le bijou.

"Je ne fais que passer. D'ailleurs tu m'as déjà oubliée. Je te rappelle au besoin"

Elle ressortit aussi rapidement qu'elle était entrée. Elle redescendit au rez de chaussée en courant. Arrivée en bas, elle s'arrêta. Elle était partie pour se libérer de l'influence du génie. Mais en fait elle n'avait aucune idée de l'endroit où elle voulait aller maintenant...

Elle sortit dans la rue. A gauche ou à droite? A droite.

Kiefer avait parlé un peu trop, il le savait. Dans un sens, il s'en fichait un peu, mais bon, apparemment Clotilde tiquait sur ses paroles. Pas encore prête pour ce genre de proposition on dirait... Elle devait sentir qu'il était tout proche et ne le repoussait pas. Cela était il bon signe? Kiefer demandait à voir... La jeune femme resta immobile avant de s'éloigner et se retourner vers lui. Elle changeait d'avis? C'est à dire... Rah, souvent femme varie hein, ben il n'y avait aucun doute avec celle là, c'était du vrai.

Il vaut mieux qu'elle sorte?... Bref, elle ne savait comment le contrecarrer, et sa seule issue était de faire bonne figure en fichant le camp... Moins coriace qu'il n'y paraissait. Un peu étonné, il la regarda se changer devant lui. Clotilde jouait à la pèche à la ligne avec lui ou quoi? Oui, non, peut être... C'était limite usant à force. Bon, ok, il était pareil. Fin connaisseur, il apprécia le petit spectacle à sa juste valeur. Puis résigné, il choisit de s'allonger dans ce qui serait SON territoire pour la nuit : le grand lit confortable. Couché sur le côté, il fixait ce corps qui lui tournait le dos, conscient du fait qu'elle ne resterait pas malgré tout ce qu'il pourrait faire. Alors tant pis.

Le génie eut un petit rictus en la voyant hésiter devant la porte de la salle de bain. C'est vrai que la 'créature' était dedans encore. Puis sans vraiment de cérémonie, elle sortit... Kiefer n'eut pas le temps de souffler qu'elle revenait déjà... Elle avait oublié la bague! Et bien, c'était mauvais signe ça... Elle avait intérêt à la garder toujours sur elle, sinon attention aux mauvaises surprises... Enfin, lui s'en fichait, un maître ou un autre... Quoi que Clotilde était amusante dans son genre ^^.

Maintenant, il était seul, c'était certain. La porte avait claqué, il avait même entendu ses pas descendre les escaliers. Sondant les âmes dans la rue, il fit dans leurs têtes l'image de Clotilde qui marchait. Le génie n'avait peut être pas le droit de lire en elle, mais les personnes autour livraient déjà assez de renseignements.

Bon... Qu'allait il faire... On s'ennuyait dans cette chambre en fait tout seul... Se souvenant de la créature, il l'appela. Le pantin ouvrit la porte de la salle de bain, affichant sur son visage aucune contrariété d'avoir dû attendre si longtemps là dedans. Non, elle ne laissait voir que ce pour quoi elle avait été créé : c'était un joli corps pour s'amuser, rien de plus. Avec un froncement de sourcil le génie regarda cette marionnette vivante, ne lui trouvant finalement pas vraiment d'intérêt ni d'attrait...

"Tss, disparaît."

Le pantin n'eut aucun geste alors que son corps retournait en poussière fine, vite disparue. Pourquoi aurait il eu notion de sa propre fin de vie de toute façon? Se tournant sur le dos, le génie observa quelques minutes le plafond, désoeuvré, avant de se lever et de sortir à son tour.